Pétrole : Descente en enfer probable...

Publié le 12 Janvier 2016

Pétrole : Descente en enfer probable...

La banque d’affaires américaine Morgan Stanley considère « possible » une baisse du prix de baril de pétrole à 25 voire 20 dollars « compte tenu de la hausse continue du dollar », rapportent plusieurs médias ce mardi. Le cours du Brent se situait ce mardi matin sous la barre des 31 dollars.

L’explication est technique. Selon la banque américaine, une hausse de 3.2% du cours du dollar, qui serait causée par une éventuelle dévaluation de la devise chinoise de 15 %, ferait tomber les cours du pétrole à 20 dollars. Le dollar et le pétrole sont corrélés depuis plusieurs années. « Le dollar et des facteurs non-fondamentaux continuent à guider les cours de pétrole », estime par ailleurs Morgan Stanley.

Le prix du pétrole est orienté à la baisse. Le ralentissement très important de l'économie chinoise réduit la demande. La croissance de l'industrie y est inférieure à 7 % par an, de nombreuses branches industrielles (autos, acier, textile, électronique des ménages, électricité…) stagnent et, en conséquence, la consommation de pétrole en Chine ne progresse plus. Ceci réduit l'augmentation de la demande mondiale de pétrole de près d'un million de barils par jour, soit les deux tiers de la hausse attendue.

Du côté de l'offre, à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) aux Etats-Unis s'ajoute le refus de l'Arabie Saoudite de baisser davantage sa production. Le royaume voudrait que les autres pays de l'Opep, qui produisent tous à pleine capacité, réduisent eux aussi leur production ; ceux-ci ne le faisant pas, il ne veut pas jouer seul le rôle de variable d'ajustement. Au total, l'écart entre capacité de production mondiale et demande mondiale de pétrole est considérable (6 millions de barils par jour) et il ne va pas en se réduisant, ce qui tire les prix vers le bas.

Morgan Stanley rejoint ainsi les prévisions de plusieurs banques, telles que Goldman Sachs, qui prévoient un cours du pétrole à 20 dollars. Cependant, les justifications de la baisse diffèrent les unes par rapport aux autres. Pour Goldman Sachs, par exemple, il existe un risque que les réservoirs de pétrole atteignent leurs limites, ce qui ferait plonger les cours et imposerait l’arrêt immédiat de certaines productions.

La baisse du prix du pétrole est plutôt favorable à la croissance dans les pays de l'OCDE. La seule inquiétude vient donc des régions où l'inflation est déjà très faible, comme la zone euro. Le rythme de hausse des prix va encore être réduit, et peut-être devenir négatif. Ceci accroît le risque de hausse anormale des taux d'intérêt réels, donc de déflation. Pour les pays où l'inflation est encore "normale" (Etats-Unis, Royaume-Uni, Japon), il s'agit d'une pure bonne nouvelle. Bien sûr, la situation des pays exportateurs de pétrole se dégrade, particulièrement ceux qui misaient sur un prix très élevé du pétrole (comme la Russie et l'Algerie).

Rédigé par ECOFORUM

Publié dans #Petrole

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